Dañs round
… Round Pagan !
Avant toute chose ce qui m'a le plus marqué, lors des discussions que j'ai pu avoir avec les anciens danseurs du pays Pagan, c’était la différence qu'ils faisaient entre la dañs round, qu'ils avaient toujours connu, et les danses bretonnes qui étaient, elles, enseignées au patronage ou au bourg !
Les jeunes gens de Guissény l’ont dansé entre eux jusqu’en 1962 au Leure. A Plounéour-Trez la dernière aire neuve a été faite en 1952 ! Ils ne dansaient pas pour faire «joli », ils se défoulaient ... Chaque danseur avait son style, adaptant son geste à celui de ses voisins, donnant à la danse une diversité et une unité tout à la fois. L’apprentissage se faisant par immersion, un équilibre s’établissait donc tout naturellement entre la liberté de mouvement de chacun et les impératifs liés à toute danse collective.
Le «décalage » entre la danse et le chant, qui existe dans plusieurs régions de Bretagne et d’ailleurs, est ici quasi-systématique. En effet, il y a peu d’airs construits de façon identique. De plus, le meneur a l’entière liberté de démarrer le chant quand il veut et peut suspendre son chant à souhait, pour reprendre sa respiration ou le temps de retrouver son texte, mais la danse ne s’arrête pas pour autant ! Ces décalages brouillent quelque peu les repères des nouveaux venus, mais avec l’habitude on s’y fait.
Deux éléments sont indispensables pour se repérer dans la danse : le moment où l’on démarre la partie vive et la manière de l’exécuter pour donner à la danse toute la dynamique qu’il se doit.
Avant de démarrer la partie vive, tous les danseurs frappent du pied en fin de trajet (temps 4) quand les danseurs finissent de la réponse. Cela se fait vers la fin de la réponse de la première partie du chant et avant que le meneur n’entame sa deuxième partie du chant. Les danseurs se tournent alors tantôt d’un coté tantôt de l’autre, se retrouvant alternativement face aux danseuses de droite ou de gauche. Généralement la danse reprend son calme quand les danseurs répondent, néanmoins il existe des exceptions (Pardon Sant Egareg, Seizh lev rond, …) lorsque la deuxième phrase du chant est trop courte (huit temps). Il y a toujours au moins trois retournements.
Les retournements sont vifs, on passe d’un appui à l’autre en sautillant. En fin de trajet il y a un léger arrêt pour permettre aux corps de se stabiliser avant de repartir en sens opposé.
Les retournements alternés, d'un côté puis de l'autre, ont été appelés et noté "salut" sur la fiche technique de la danse en 1975 par Georges Paugam, pour Kendalc'h. En fait il n'en est rien ! Aucun ancien danseur collecté n'a mentionné de "salut" dans la danse, mais le terme (salut) retenu par facilité pour définir le mouvement a fini par donner des mouvements erronés et désuets que l'on voit dans les fest noz et de nombreux cercles celtiques trop éloignés de la tradition.
Trajets des danseurs et danseuses
En noir , le trajet suivi par les hommes et les femmes ... qui est identique sur la première partie de la danse pour se transformer, sur la deuxième partie, en légères ondulations créées naturellement par les retournements alternés.
Les hommes suivant le trajet en rouge (déplacements vers l'extérieur) et les femmes compensant par les trajets en bleu (déplacements vers l'intérieur du cercle) pour compenser le trajet des hommes. Les hommes ayant le corps incliné sur l'avant, le trajet des pieds (la base) étant plus important que le haut du corps.
Bien évidemment cette "ondulation" n'est ni volontaire ni contrôlée, elle est la résultante d'un mouvement collectif. Ce phénomène, qui ne se produit que lorsque la danse gagne en énergie, est principalement créé par un déplacement latéral généralement plus important par les hommes qui déforme la ronde sur la partie vive de la danse ... essentiellement lorsqu'il y a peu de danseurs et donc que la ronde est petite.
Quelques bons moments lors des après-midi round !